Ecrire ce billet me fait froid dans le dos.
Et pourtant… j’ai envie d’en parler. Je pense comme souvent que la prévention est fondamentale dans ce domaine. Que ce soit pour le(s) harcelé(s) ou le(s) harceleur(s) d’ailleurs…
Pour pouvoir agir contre le harcèlement scolaire, il faut commencer par comprendre de quoi il s’agit car ce “processus” n’est pas si simple et souvent très difficile à reconnaître.
Je trouve que le site « nonauharcelement.education.gouv est vraiment très bien fait.
On y trouve une définition : “le harcèlement, c’est quoi” ?
Pour résumer, la violence peut être verbale, physique ou psychologique. C’est une violence qui se répète et la victime est isolée. Ce sont souvent les enfants jugés “différents” (pas forcément physiquement, cela peut concerner leurs centres d’intérêt par exemple) qui sont rejetés.
Mais attention, ce n’est pas parce qu’un enfant est différent qu’il sera rejeté. J’aime toujours faire ressortir le positif… J’ai eu un élève qui avait un trouble de la communication. Les autres enfants étaient toujours aux petits soins pour lui et cherchaient toujours à l’aider comme ils pouvaient, à l’encourager. Cela a beaucoup apporté à tous car de jolis liens se sont tissés. A nous de les inciter à avoir ce genre de comportement!
Inversement, se retrouver dans une situation de harcèlement scolaire peut aller très très vite. Notre rôle à nous, les adultes, sera de tout faire pour enrayer ce problème dès son apparition. Et s’il apparaît car heureusement, cela se passe très bien la plupart du temps…
J’ai fait un remplacement dans une classe dans laquelle l’un des enfants était “différent”. Il réagissait par exemple extrêmement fort dès la moindre remarque. Les autres enfants, qui n’avaient pourtant pas “mauvais fond” (!) trouvaient ça très amusant. Ils n’hésitaient pas à le provoquer pour susciter une réaction. A 8 ans, ils n’ont pas forcément conscience du mal qu’ils peuvent faire…
Le cyberharcèlement
C’est une forme de harcèlement dont il faut parler car elle existe bel et bien. Elle est particulière car l’auteur peut harceler de manière anonyme. Les “traces” (publications de photos etc) peuvent se répandre très vite et rester sur internet.
Je vous en donne un exemple: une élève (en CM2 il me semble) avait participé à un spectacle de danse. Ce spectacle avait été filmé. Une autre élève (elle devait être au collège) avait partagé la vidéo de ce spectacle sur les réseaux sociaux afin que tout le monde se moque… Et cela peut aller encore plus loin.
La prévention et les réactions sont à adapter en fonction “des rôles”
Le site “nonauharcèlement.education.gouv” donne de nombreuses “pistes” pour:
Une victime
– Lui faire comprendre qu’elle est victime de harcèlement.
-L’aider à se rendre compte que cette situation n’est pas normale, que PERSONNE n’a à subir cela.
– L’encourager à en parler à une personne de confiance et ne pas rester seule face à ça. La honte, la peur… l’empêchent souvent de le faire, c’est pour cela que cette situation est souvent très difficile à reconnaître. C’est là où nous, parents, avons un rôle primordial. Nous devons faire notre maximum pour instaurer une relation de confiance avec notre enfant (je me doute que ce n’est pas toujours simple à l’adolescence par exemple).
–Agir en en parlant mais aussi en mettant par écrit les événements et en gardant des preuves (en sauvegardant d’éventuels sms ou captures d’écran par exemple).
-Agir sans aggraver la situation…
-Etc…
Un témoin
Les témoins ont un grand rôle à jouer. Ils peuvent agir (en parler) quand la victime n’est pas en capacité de le faire.
Un harceleur
Au départ, je pense que beaucoup d’enfants qui agissent ainsi n’ont pas conscience de la gravité de leurs actes (comme rire d’un enfant que cela ne fait pas rire). Ils doivent pourtant impérativement en prendre conscience en se mettant à la place de leur victime par exemple.
Plus tard et/ou si cela va trop loin, ils doivent comprendre que ces actes sont punis par la loi.
Pour éviter d’avoir à en arriver là, on peut les aider à comprendre pourquoi ils en sont là (ont-ils eux-mêmes été victimes de harcèlement avant?) et bien sûr à trouver comment faire en sorte que cela s’arrête. Là encore, le dialogue est fondamental. Il est toujours possible d’arrêter et de chercher à réparer le mal qui a été fait.
Les parents d’une victime, d’un témoin ou d’un harceleur
Le site donne des pistes sur les actions à mener lorsque l’on prend conscience que son enfant est harcelé, lorsque c’est le cas d’un de ses camarades ou s’il est l’auteur des faits. Certains signaux peuvent aussi alerter si l’enfant ne parle pas “directement”.
Le rôle des adultes d’une manière générale
Pour moi, notre rôle est vraiment important, pour prévenir de tels actes, mais aussi pour agir quand on est confronté à une telle situation.
Il est fondamental d’agir, en commençant par en parler avec son enfant (qu’il soit harcelé ou harceleur) puis aux personnes compétentes (chef d’établissement…) pour trouver des solutions.
Ces professionnels ont d’ailleurs un protocole à suivre: échanges (poser des questions ouvertes…) signalements, réunions en équipe, convocation des parents, prise en charge de la victime (soutien psychologique, conseils juridiques…), mesures de protection, suivi post événement etc… en fonction des situations.
Dans le cas du cyberharcèlement, il parait indispensable d’agir en amont en accompagnant son enfant quand il commence à découvrir internet et/ou à avoir son propre téléphone portable. Ils doivent apprendre à se protéger mais aussi à prendre conscience des conséquences que leurs actes peuvent avoir sur internet. Nous même parents n’avons pas vécu ces risques étant enfant… Mettre un contrôle parental ne suffit pas. Un accompagnement est important pour que tout le monde puisse profiter de ce formidable outil (ne l’oublions pas…) qu’est internet…
A l’école, alors que mes élèves passaient le permis piéton, les plus grands validaient leur permis internet. Je vous conseille d’aller faire un tour sur ce site, permisinternet.fr. Il propose des ressources pour préparer les enfants à l’utilisation d’internet.
Il y aurait tellement de choses à dire sur la prévention concernant l’utilisation d’internet que j’en ferai certainement un article…
Les numéros “verts” contre le harcèlement scolaire:
Tous peuvent les composer: les victimes, les témoins, les parents, les harceleurs…
“Non au harcèlement”: 3020
“Net écoute” (pour le cyberharcèlement): 0800 200 000