Voici le résumé d’un livre, Comment les Eskimos gardent les bébés au chaud, de Mei-Ling Hopgood, paru en 2013.
L’auteure est journaliste et jeune maman. D’origine américaine et taïwanaise, elle vit à Buenos Aires. Elle nous propose un tour du monde des méthodes éducatives. Elle s’appuie sur de nombreuses études (anthropologues, pédopsychiatres…) pour avancer ce dont elle parle ainsi que sur ses propres observations et expériences personnelles dont elle ponctue son ouvrage.
Ce livre concernant les différentes méthodes d’éducation est vraiment extrêmement intéressant pour toutes les raisons que donne l’auteure dans sa conclusion, raisons avec lesquelles je suis totalement en accord !
Précision : ne pas passer tout de suite à la conclusion ;-).
Vous me direz ce que ça a changé chez vous?
Bonne lecture !
Mon résumé :
Comment les enfants de Buenos Aires se couchent à pas d’heure
En Argentine, les gens mangent très tard le soir et les restaurant ouvrent à partir de 22h. Les parents n’hésitent pourtant pas à y emmener leurs enfants. Les nourrissons passent de bras en bras ou dorment dans leurs couffins, les tout-petits dansent entre les tables ou s’endorment sur des chaises. Ils récupèrent le matin. Et tout le monde trouve ça normal : les gens aiment être entourés d’enfants (s’ils ne sont pas sages, on vient en aide aux parents sans les regarder de travers) et faire la fête avec eux.
Les enfants se couchent tout de même plus tôt et ne sortent pas quand il y a école le lendemain.
Aux USA, la plupart des spécialistes s’accordent pour dire que tout va mieux si on se couche à heures fixes et tôt. Et si on ne le fait pas, on culpabilise immédiatement… Les spécialistes reconnaissent tout de même que laisser un enfant faire de temps en temps la fête, s’il peut faire une bonne sieste le lendemain pour récupérer n’est pas si grave. Les petits Argentins eux, récupèrent le matin.
Dans les sociétés occidentales où l’on préconise un certain nombre d’heures de sommeil par nuit (Ex : 8h pour les adultes), on cherche à formater les individus pour qu’ils soient plus performants au travail… Les nuits doivent être calmes, dans le noir…
La façon d’envisager le sommeil est ainsi culturelle et liée au rythme de vie.
Ce qui est universel, c’est que quand un individu manque de sommeil, il le ressent. Cela peut avoir des conséquences importantes.
Dans de nombreuses cultures, les enfants et les adultes ne dorment jamais seuls (en famille, parfois avec les animaux). Les nuits ne sont pas silencieuses.
C’est en rapport avec le manque de place mais le co-dodo a d’autres vertus : il facilite l’allaitement, permet de protéger les petits en cas de danger, rassure l’enfant et le rapproche de ses parents.
Un « schéma idéal » concernant le sommeil n’existe donc pas car il est largement influencé par la culture.
Comment les petits Français apprennent à manger (et à aimer) ce qui est bon pour la santé (et bon tout court)
En France, la nourriture fait partie des grands plaisirs de l’existence.
On prend souvent le temps de cuisiner de bons et sains petits plats et de se retrouver à table pour le repas. Les enfants participent parfois à la préparation des repas.
On demande généralement aux enfants de goûter avant de refuser de manger.
Les enfants de chaque pays mangent très tôt des plats que l’on n’oserait pas servir dans d’autres pays : roquefort et fruits de mer en France, cafards au Cambodge, yeux de poissons à Taïwan, piment au Mexique, café au Brésil…
Comment les Kényans s’en sortent sans poussette
Dans de nombreux pays, les parents n’ont pas les moyens d’acheter de poussette et/ou n’en voient pas l’utilité.
Les mamans portent leur bébé. Elles ont toujours eu l’habitude de porter de lourdes charges donc cela ne les fatigue pas.
Beaucoup pensent aussi que le bébé a avant tout besoin d’être au contact de sa mère jusqu’à ce qu’il sache marcher. Les mamans font alors tout avec leur bébé sur le dos : courses, traite des vaches…
Les études démontrent les bénéfices du portage, pour les bébés (moins de pleurs…) comme pour les mères. Cela devient même une question de survie dans les pays où il fait très froid pour détecter immédiatement tout signe anormal chez le bébé.
Les poussettes peuvent poser problème lorsqu’elles sont trop utilisées car les enfants se dépensent moins et développent moins leur autonomie. Ils ont aussi besoin d’être bercés et balancés (comme lorsqu’ils sont sur le dos des mamans) pour développer le système vestibulaire (au niveau de l’oreille interne) qui joue un rôle dans le développement psychomoteur.
Le portage illustre la façon dont les parents s’adaptent à leur environnement (climat, matériaux dont on dispose…) en fonction de leurs ressources… et prouve que l’on peut élever un enfant sans tout le matériel recommandé dans les pays occidentaux.
Comment les petits Chinois sont propres avant tout le monde
En général, si les bébés chinois ont des couches les premiers mois, cela ne dure pas. On leur fait régulièrement faire leurs besoins en disant « psitt, psitt », parfois n’importe où dans un sac en plastique. Ils portent de petits pantalons fendus au niveau de l’entrejambe pour des raisons pratiques. Les parents chinois sont détendus par rapport à la nudité, aux fluides corporels et aux « petits accidents ».
En Occident, on pense qu’il n’est pas bon de s’y prendre trop tôt. L’enfant doit être capable de se gérer seul et impliqué dans cet apprentissage pour éviter d’éventuels problèmes plus tard comme l’énurésie. En Chine, on trouve au contraire qu’il est malsain de laisser un bébé dans l’humidité et la chaleur des couches (qui de plus coûtent cher).
Comment les Pygmées Akas sont les meilleurs pères du monde
Les pères Pymées Akas passent autant de temps que les mères auprès de leur bébé. Il arrive même que les pères « donnent le sein » à leur bébé pour les apaiser.
Les schémas paternels sont très différents de par le monde. Rien que dans les pays occidentaux, même si les pères s’impliquent de plus en plus d’une manière générale, ils peuvent avoir des rôles très différents allant de très impliqués à peu présents. Cela dépend de plusieurs facteurs comme le temps passé au travail et son éloignement.
Globalement, les pères passent tout de moins de temps que les mères auprès de leurs enfants alors que la présence des pères est fondamentale.
Comment les Libano-Américains se débrouillent pour que leur famille reste soudée
Le rapport à la famille varie selon les cultures. Aux Etats-Unis, les enfants, une fois indépendants sont souvent amenés à partir travailler loin. Ils rentrent régulièrement voir leurs parents mais ils peuvent rester longtemps sans se voir. Les enfants sont d’ailleurs élevés dans le but d’être autonomes.
Ce n’est pas le cas dans de nombreuses cultures où l’on vit dans des « familles élargies ». Parfois, il est d’usage que l’un des enfants vive chez ses parents jusqu’à leur mort ou encore que la mariée parte vivre chez ses beaux-parents.
Aux Etats-Unis, les Libano-Américains vivent sous le même toit ou pas loin, font tout en groupe et se déplacent toujours à plusieurs, se gardent les enfants, s’échangent les vêtements, les jouets…
Ils se considèrent ainsi beaucoup plus forts puisqu’ils mettent leurs capacités et leur argent en commun, même si ces responsabilités sont parfois lourdes à porter. Le côté intrusif ne plait pas à certains qui finissent par se rebeller à l’adolescence.
Concernant l’adoption, elle est souvent pas vue comme quelque chose de « naturel» dans les pays industrialisés. Or, dans de nombreux pays, les enfants peuvent très vite être élevés par d’autres personnes. Elever l’enfant d’un autre devient la norme plutôt que l’exception.
Comment les Tibétains chouchoutent les femmes enceintes ?
Les Tibétains se préoccupent de l’état psychique des femmes enceintes et prennent soin des femmes qui viennent d’accoucher. La grossesse est pour eux un moment chargé spirituellement à accompagner de traditions et de rituels spécifiques.
Les grossesses ne sont pas médicalisées. Cela permet de se laisser porter par la grossesse mais cela ne fait pas toujours bon ménage avec la science.
Comment les Japonais laissent les enfants jouer aux jeux de main sans trouver ça vilain
Au Japon, les enseignants ont une politique de non intervention dans les conflits. Lorsque des élèves se bagarrent, ils ont tendance à rester en retrait, en surveillant seulement qu’ils ne se blessent pas. Ils préfèrent laisser les enfants gérer seuls les conflits pour pouvoir régler seuls leurs conflits plus tard. Les parents Japonais en appellent au sens civique de leur enfant. Ils n’hésitent pas non plus à jouer sur la culpabilité, la honte… et à lui montrer qu’il se ridiculise et avec lui sa famille, son école etc, jusqu’à son pays entier.
Aux Etats-Unis, en Chine etc, on aura plutôt tendance à intervenir dès que la bagarre commence pour éviter son amplification. Les divergences dans le monde à ce sujet sont énormes. L’éducation passe par des châtiments corporels dans certaines cultures pour qu’ils obéissent à une fierté dans d’autres quand ils n’écoutent pas.
Comment les petits polynésiens s’amusent sans parents dans les parages
Dans la plupart des cultures, les enfants sortent jouer sans adultes et les apprentissages se font entre eux : ils jouent et se transmettent des savoirs.
Dans les petites communautés qui vivent sur les îles polynésiennes, on pratique « l’éducation collective », c’est-à-dire que tout le monde participe à l’éducation des enfants.
En Occident, on ne considère pas les enfants comme étant capables de se débrouiller entre eux. Les interactions entre enfants sont de plus en plus limitées : temps d’école, activités extrascolaires, jouets, chambres individuelles, jeux électroniques… On insiste sur le fait que jouer avec son enfant est bon pour lui comme pour les parents. Cela renforce les liens, le socialise, favorise son développement etc…
Chez les Gusiis, une ethnie du Kenya, si les mamans répondent aux pleurs de leurs bébés, elles évitent de leur parler, ne jouent pas avec eux. La mortalité infantile y étant très élevée, c’est en lien avec l’inquiétude des parents. C’est plus tard, au contact d’autres enfants qu’ils vont jouer.
Les Occidentaux sont choqués par cette attitude. Mais inversement, les mamans Gusiis sont outrées lorsqu’on leur montre des mamans Américaines qui laissent pleurer leur bébé ou qui les font dormir seuls dans une chambre séparée.
Selon plusieurs spécialistes, si le jeu entre parents et enfants est bénéfique, il ne doit pas être imposé. Il ne faut pas qu’une culture comme la nôtre cherche à imposer ses particularités comme des généralités.
Comment les Mayas mettent leurs enfants au boulot ?
Dans de nombreuses cultures comme chez les Mayas, les enfants participent aux tâches du quotidien (même s’ils vont à l’école). Jeux et corvées finissent par se mêler harmonieusement. Le travail est adapté à leur âge et est ni difficile ni déplaisant (différent du travail dans les mines ou autres). Les enfants savent qu’il est nécessaire qu’ils aident et sont fiers que l’on compte sur eux.
Les choses évoluent tout de même avec l’école. Mais la plupart de ces familles considèrent l’effort et le travail comme de nobles vertus. Cela permet d’aider les parents mais aussi de préparer les enfants à l’âge adulte.
Trop travailler est comme trop jouer, l’un comme l’autre ont des avantages et des inconvénients. Dans les sociétés industrialisées, les enfants sont trop peu responsabilisés. A force de ne pas participer aux tâches de la maison pour garder leur innocence, ils finissent par être individualistes et incapables de fournir un effort suivi. La confrontation avec les exigences du monde du travail crée alors un choc très important.
L’état d’esprit des Occidentaux sur la question du travail des enfants diverge totalement de celui du reste du monde. Ils veulent les préserver du monde du travail tandis qu’ailleurs, il est question de les y amener progressivement.
Comment (et pourquoi) les petits Asiatiques travaillent bien à l’école ?
Les petits Asiatiques ont en général de très bons résultats scolaires.
Les études montrent qu’il n’y a pas de rapport avec la génétique mais plutôt avec l’implication des parents dans la scolarité. Ils ont de fortes attentes scolaires. La réussite scolaire est extrêmement valorisée. Elle permet effectivement un meilleur futur pour un enfant mais aussi pour toute sa famille.
Pour les immigrés, c’est aussi un bon moyen d’intégration dans la société américaine.
Les échecs et réussites sont uniquement considérés comme dépendants de leurs efforts et non liés, comme on a tendance à le penser aux Etats-Unis, à des professeurs incompétents, un manque de budget etc… même si on s’y soucie très tôt de leur éducation (achat de jeux éducatifs…).
Selon une spécialiste, il serait plutôt souhaitable de donner le goût de l’effort aux enfants plutôt que d’essayer de les protéger de tous les obstacles (choisir une bonne école…). Il est cependant sûr que leur donner un bon départ est très important.
La société américaine fait passer la scolarité après le fait d’être séduisant, beau et doué en sport. On se moque fréquemment de ceux qui réussissent scolairement.
Mais attention quand la pression est poussée à l’extrême. En Inde, les parents ont parfois recours à des menaces, des punitions, des méthodes violentes pour faire travailler leurs enfants. Les choses évoluent et tous n’utilisent pas ces méthodes. Mais on retrouve un taux inquiétant de suicides chez les adolescents asiatiques.
Conclusion
Dans son ouvrage, l’auteure n’a pas souhaité faire de généralités ou juger les croyances et agissements parentaux d’une culture donnée mais au contraire, de s’en inspirer afin de donner le meilleur à sa fille. Elle précise que si chaque parent est marqué par sa culture, chaque parent est unique.
Elle a pu constater l’incidence de la mondialisation sur l’éducation dans toutes les cultures comme en Chine où les couches jetables retardent l’âge de la propreté. On peut s’interroger sur les effets positifs et négatifs de la mondialisation.
L’éducation tendra à devenir plus uniforme alors que c’est la diversité culturelle qui fait la richesse de notre monde. En Occident, nous ne pouvons pas étouffer les autres modes d’éducation sous le poids de notre soi-disant supériorité.
Observer les différents modes d’éducation donne une ouverture d’esprit. Cela permet de faire changer certaines habitudes que l’on pense impossibles à modifier. Inversement, cela peut conforter dans certains choix éducatifs.
La majorité des parents donne une éducation qui permet à leurs enfants de pouvoir s’épanouir dans leur cadre de vie. On peut choisir le mode d’éducation qui correspond à notre culture. Mais cela peut être réconfortant et déculpabilisant de savoir qu’il n’y a pas qu’une façon d’élever son enfant. A partir du moment où les droits fondamentaux de l’enfant sont respectés, il existe mille et une façons d’être parent.
Couverture: Aaandrea, Buenos Aires: Janeannecraigie, potager: Edgar, Nairobi: JamesWahome, Chine: Ivykim, forêt africaine: Tracy Hammond, Libanais: Peggychoucair: , femme tibétaine: Jarryyi, enfants japonais: Sharonang, îles Marquises: , Mexique: Anonymous Traveller, bébé asiatique: Yiki87515, enfants asiatiques: Sharonang, enfant africain: Gadjet.
Merci Emeline! On m’a parlé de ce livre il y a un mois et j’avais très envie de le lire, grâce à ton article je vais courir l’acheter !!!!
Merci beaucoup Sonia!!! Tu as bien fait, il est super intéressant ce livre :-)!!!
Merci Émeline pour ce résumé, je ne connaissais pas ce livre, il a l’air vraiment bien. Je trouve ça aussi enrichissant que déculpabilisant que d’apprendre les différences d’éducation entre les différentes cultures ! 🙂
Merci beaucoup Flora! En effet, c’est tout à fait le but de ce livre 🙂 🙂 …