Dans cet article, je vous présente le livre “Dormir sans larmes“, du Docteur Rosa Jové.
Je précise qu’il s’agit de ma participation à un carnaval d’articles, organisé par Sonia, du blog “danse prénatale“. Pour en savoir plus et découvrir d’autres présentations de livres sur la parentalité, cliquez ici! Ou ici, sur mon blog Petit Enfant Deviendra Grand!!
1/ S’informer
Un enfant ne dort pas comme un adulte. Le sommeil est évolutif pour permettre de répondre aux besoins de chaque individu tout au long de sa vie. Un enfant en bonne santé finira par dormir de la même façon qu’un adulte (à l’image de la marche).
Le sommeil se compose de plusieurs cycles. Chaque cycle comprend des phases (sommeil de plus en plus profond, sommeil paradoxal) et chaque nuit est jalonnée de micro-réveils.
Le fœtus
Chaque bébé sait dormir en naissant. Le fœtus aurait déjà deux types de sommeil (son sommeil est indépendant de celui de sa mère):
– Actif, qui deviendra le sommeil paradoxal, qui occupe une grande place pour que les connexions puissent se mettre en place
– Calme
De 0 à 3 mois
Les réveils sont fréquents pour plusieurs raisons. Par exemple, les nouveau-nés ingèrent peu à la fois donc doivent manger souvent pour éviter toute hypoglycémie et se développer : il est très important de nourrir à la demande.
A cet âge, le sommeil comporte deux phases (sommeil paradoxal important) et le bébé dort en plusieurs fois sans faire de différence entre le jour et la nuit (sommeil ultradien par opposition à circadien).
Selon une hypothèse, si les bébés ont un rythme chaotique au début, c’est pour pouvoir s’adapter ensuite aux horaires de la société dans laquelle ils arrivent.
De 4 à 7 mois
Le sommeil devient plus prévisible et évolue vers les phases du sommeil d’un adulte. Les phases de sommeil léger apparaissent, c’est pourquoi on peut avoir l’impression que le bébé se réveille plus qu’avant.
De 8 mois à 2 ans
L’enfant peut commencer à redouter de dormir. Il prend conscience de la notion de séparation, essaie de retarder le coucher car il a besoin d’être rassuré.
Lors de la phase paradoxale, il « digère » ce qui génère de l’anxiété (découvertes liées à ses déplacements, introduction de nouveaux aliments, suppression des couches…).
De 3 à 6 ans
A 6 ans, un enfant a un sommeil proche de celui de l’adulte. Il dort en une fois, la nuit.
Lors de cette période, les réveils nocturnes sont de moins en moins fréquents et cessent en général vers 5 ans. En revanche, des problèmes (pouvant être liés aux modifications des phases de sommeil) comme des terreurs nocturnes peuvent apparaître.
2/ Evaluer
Il est important de ne pas passer à côté d’une pathologie du sommeil. Mais aussi de ne pas voir un problème où il n’y en a pas…
Il faut toujours écarter dans un premier temps l’hypothèse d’une autre pathologie (souffrance liée à une otite, un reflux…) qui implique que le bébé pleure beaucoup et/ou ne dort que sur sa maman ou son papa.
Il est dramatique de laisser pleurer ces bébés : ils finissent par s’endormir mais pour de mauvaises raisons.
Un bébé qui pleure ne fait pas de caprice, c’est le seul moyen qu’il a d’exprimer ses besoins, ses inquiétudes.
Les troubles du sommeil
LES DYSSOMNIES
Ce sont des anomalies de la qualité, la quantité et des horaires de sommeil.
Insuffisance de sommeil
Elle est très rare chez un tout petit car il peut récupérer le lendemain matin ou lors des siestes.
Tous les bébés n’ont pas les mêmes besoins en terme de nombre d’heures de sommeil (comme les adultes n’ont pas tous besoin de 8h). Il faut donc faire attention aux moyennes (sachant que les normes ne sont pas les mêmes selon les cultures) sauf si l’écart est vraiment énorme et plutôt se fier à son comportement et à sa façon de dormir (sommeil diurne vs nocturne) avant de penser qu’il souffre d’insomnies.
Il faut aussi avoir écarté une cause psychologique (anxiété…) ou physique (reflux…).
De plus, on peut supposer qu’il y a un problème alors qu’il s’agit d’une mauvaise synchronisation entre le rythme des parents et celui du bébé (ils ne dorment pas aux mêmes moments).
On le remarque beaucoup moins dans les pays où le congé maternité est de longue durée (ou dans ceux où l’on emmène son enfant au travail) car on peut plus s’adapter au rythme de son enfant.
On peut consulter un spécialiste du sommeil si on a un doute.
Excès de sommeil
Après avoir écarté certaines causes, si un enfant peut avoir besoin de plus dormir que les autres, il faut être attentif à différentes choses : il semble tout le temps somnolent, peu actif, s’endort pour un oui ou pour un non etc…
Dégradation de la qualité du sommeil : apnées/ réveils nocturnes
Les apnées se manifestent par exemple par l’impression que votre enfant est enrhumé quand il dort, par des pauses dans sa respiration. Il est important de consulter.
Les réveils nocturnes sont normaux mais posent problème à partir du moment où l’on n’arrive plus à se rendormir après.
La perturbation des horaires :
C’est très rare avant 7 mois puisqu’il faut que l’organisme ait intégré le rythme circadien.
Trois enfants peuvent dormir 11h la nuit, le premier en s’endormant à 19h, le deuxième à 21h et le troisième à 22h. Les familles dont les bébés s’endorment plus tôt (donc se réveillent plus tôt) ou plus tard auront tendance à consulter. Il s’agit d’une mauvaise synchronisation entre le rythme des parents et celui du bébé.
On peut essayer de mettre en place une routine (mais il serait néfaste de les contraindre à respecter un horaire standard). Elle doit toutefois rester flexible et respecter la chronobiologie de l’enfant.
Pourquoi sommes-nous dépendants des horaires ?
Le rythme circadien est en réalité de 25h. Mais nous fonctionnons sur 24h par rapport à la lumière (pour le bébé, ne pas hésiter à marquer la différence entre le jour et la nuit, à faire partager la vie des adultes) et aux rythmes sociaux.
LES PARASOMNIES
Ce sont des phénomènes ou des comportements anormaux qui surviennent au cours du sommeil.
Cauchemars
Ils surviennent lors de la phase paradoxale et on s’en souvient ensuite.
En général, cela se produit de temps en temps, c’est passager. Cela peut correspondre à un événement qu’il aurait eu du mal à « digérer » dans la journée. Il suffit alors de calmer l’enfant (rassurer sans minimiser ce qui lui est arrivé).
En revanche, certains enfants en font tous les jours ou presque ce qui peut correspondre à une anxiété latente : il faut résoudre le problème.
Terreurs nocturnes
Elles surviennent lors du sommeil profond (première partie de nuit).
L’enfant pleure, crie pendant 10 à 20 minutes, ne reconnaît pas ses parents. On ne peut pas le réveiller et si on y arrive, cela ne fait que générer du stress et aggraver la terreur nocturne. Mieux vaut rester à ses côtés d’une manière rassurante et éviter de lui en reparler le lendemain car il ne s’en souvient pas et cela pourrait l’inquiéter.
Somnambulisme
Le mécanisme semble être le même que celui des terreurs nocturnes avec pour seule différence les manifestations du trouble.
Les réponses à apporter sont proches de celles des terreurs nocturnes.
Autres parasomnies
L’auteure donne ensuite aussi des explications sur la somniloquie (parler en dormant), le bruxisme (grincer des dents), la rythmie du sommeil (se balancer avant de s’endormir), les hallucinations ou paralysies du sommeil (comme sursauter au moment de s’endormir).
Pour limiter les parasomnies, il faut veiller à ce que l’enfant ne soit pas trop fatigué (supprimer la sieste peut en provoquer car cela modifie le sommeil profond la nuit) ou trop anxieux au moment du coucher. On peut respecter un horaire équilibré, les détendre, se coucher à côté pour les endormir ou même dormir à côté d’eux.
Il faut tenir compte de l’état général de l’enfant car les parasomnies sont aggravées (ou déclenchées) en cas de faim, de fièvre, de douleur, de stress etc…
3/ Intervenir pour permettre de mieux dormir
Bannir les méthodes de dressage
Ce sont les méthodes où on laisse pleurer les bébés. Au début, on les laissait “simplement” pleurer. Puis, on a enrobé cela en ajoutant un tableau horaire. Cette méthode comporte des variantes selon les auteurs: rester avec l’enfant selon un temps de plus en plus court et finir par ne plus revenir, ou attendre de plus en plus longtemps avant de revenir etc…
Une étude montre que les enfants qu’on laisse pleurer (avec ou sans tableau horaire) finissent en général par dormir sans leurs parents. L’enfant n’apprend pas à s’endormir seul mais il sécrète des hormones pour se calmer (il s’auto-drogue) et finit par apprendre que ses besoins ne méritent pas d’être pris en compte.
Les résultats se font d’autant mieux ressentir que le bébé est jeune (moins de 18 mois) car cela provoque un choc émotionnel plus fort.
Séquelles et effets négatifs
Les traumatismes causés par l’abandon peuvent provoquer des lésions cérébrales et dérégler la biochimie du cerveau. Ce dérèglement sera à l’origine de troubles tels qu’anxiété, dépression et bien d’autres.
Ces dégâts peuvent être passagers mais il faut parfois effectuer une psychothérapie pour les « réparer ».
Médicaments et autres substances : la mauvaise solution pour dormir
L’auteur évoque les différentes sortes de médicaments utilisés pour réduire les insomnies (benzodiazépines, somnifères…) et explique comment ils fonctionnent et pourquoi il ne faut pas y avoir recours…
Que peut-on faire ?
L’auteure prône les solutions naturelles qui respectent l’enfant.
Après avoir observé des peuples chez qui la notion d’insomnie n’existe pas, on a constaté trois aspects importants :
L’allaitement : la composition du lait maternel, la succion, le peau à peau, le fait de téter favorisent l’endormissement.
Le cododo ou co-sleeping (dormir dans le même lit) ou cohabitation (dormir dans la même chambre).
Dans la culture occidentale, on considère à tort que l’enfant doit dormir seul.
En prenant des précautions, le cododo a pourtant des effets très positifs sur le sommeil du bébé. Il cale sa respiration sur celle de sa mère et cela permet, entre autres, de passer plus facilement d’une phase de sommeil à une autre.
Les attitudes réactives envers le bébé : Dans les sociétés occidentales, les enfants sont mis à l’écart des adultes (on ne les emmène pas au cinéma, on les fait garder…). Or, plus le bébé sera au contact de sa mère et plus on répondra à ses besoins, plus il sera calme.
Petit guide à l’usage des parents désespérés
Si ce qui précède ne suffit pas, l’auteure conseille (après avoir écarté toute pathologie):
– d’être réaliste par rapport aux attentes que l’on peut avoir quant au sommeil d’un bébé,
– de tenir un registre du sommeil. Cela permet de voir comment dort l’enfant et de trouver le bon moment pour le coucher en fonction de ses « phases »,
– de passer un maximum de temps avec son enfant,
– de créer des conditions favorables à l’endormissement pour que le moment du coucher soit un moment agréable (berceuses…),
– d’adapter les techniques en fonction de l’âge (on peut emmailloter un tout petit par exemple),
– de répondre tout de suite à ses besoins
Conclusion
Pour l’auteure, un bébé en bonne santé (il est impératif d’avoir écarté toute pathologie) finira toujours par dormir selon la norme de notre culture.
Mon avis sur le livre “dormir sans larmes”
Je l’ai trouvé extrêmement intéressant. Dans un premier temps, il nous aide à comprendre comment fonctionne le sommeil d’un enfant. Cette phase est un peu théorique. J’avoue que j’ai eu du mal à ne pas décrocher mais elle est en fait nécessaire pour comprendre la suite. Et, comprendre pourquoi son bébé se réveille aussi souvent la nuit permet par exemple de mieux l’accepter, d’être moins anxieux par rapport à cela, ce que l’enfant pourra ressentir.
Il faut savoir que ce livre n’est donc pas une méthode miracle pour faire dormir les bébés.
L’auteure déplore les méthodes de « laisser pleurer » (avec ou sans tableau horaire) et les combat d’une manière virulente. Elle prône au contraire les techniques de maternage, le fait de répondre aux besoins de l’enfant pour le rassurer.
C’est très intéressant même si on fait aussi comme on peut… Par exemple, pour différentes raisons, il n’est pas toujours possible d’allaiter au sein!
Quant au cododo, je tiens à préciser que l’auteur y est favorable, à condition de prendre des précautions. Elle les développe dans son livre. Mais certaines études y sont opposées: dormir dans la même chambre, oui, dormir dans le même lit, non.
Je m’aperçois, à la lecture de ce livre (ainsi que de celui-ci sur les différentes méthodes d’éducation dans le monde), que dans nos sociétés occidentales, en ayant voulu nous faciliter la vie, nous nous sommes en réalité créés des problèmes. Les pays dans lesquels on n’a pas de poussette mais où l’on pratique le portage, dans lesquels les enfants n’ont pas de chambre individuelle ni de doudou mais où l’on pratique le sommeil partagé, ont beaucoup moins de problèmes d’insomnies. Cela donne à réfléchir…
Alors oui, je conseille ce livre sans hésiter !
Je pense qu’il ne faut pas envisager de le lire alors que son bébé vient de naître. On n’aura pas le temps ni l’énergie, d’autant plus s’il a du mal à s’endormir ou s’il se réveille très souvent ;-). Mieux vaut le lire avant, à condition que cela ne génère pas d’angoisse si l’on anticipe les problèmes de sommeil qu’il pourrait avoir…
Vous me direz ce que vous en aurez pensé quand vous l’aurez lu?
Photos de couverture: Marvelmozhko
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